Bim ! 1ère course officielle de 2025. Pour démarrer l’année en beauté, j’ai choisi l’Ultra Tour des Côtes d’Armor ou UTCA pour les intimes.
Pourquoi l’UTCA ?
Dans mon calendrier qui doit m’amener à Chamonix, j’ai choisi de commencer tout de suite par une grosse course (92km). Cela faisait plusieurs années que je voulais y courir mais le week-end ne tombait jamais bien sauf cette année.
Du coup, pas de Glazig cette année (mais j’y retournerai), remplacé par le 92km de l’UTCA qui se déroule sur la magnifique côte de Granit Rose.
En plus, Lannion a une saveur un peu particulière pour moi. J’y ai passé 5 années lors de mes études donc c’est en quelques sortes un retour aux sources et l’occasion de découvrir une autre partie du GR34 car j’avoue, je n’avais jamais couru dessus à cet endroit.
Préparation
Une préparation tronquée… Bref, ce n’est pas la première fois que cela commence comme ça. Une entorse (cheville droite) au basket mi-décembre et un retour aux affaires en janvier avant de chuter bêtement pendant un entrainement de nuit début février.
La cheville droite reprend un coup, mais c’est surtout le genou gauche qui m’embête quand je décide de reprendre la course au bout de 8 jours. Des sensations bizarres et des douleurs du plateau tibial au bas des ischios. J’arrive à allonger un peu la distance jusqu’à 15km à J-7 mais impossible de courir en continu et je dois repasser en mode marche de manière régulière.
En 12 mois, ça fait la troisième entorse à la cheville droite… je pense que celle d’il y a un an avec sa belle fracture du 5ème métatarse et l’arrachement osseux a bien fragilisé toute l’articulation.
Je me décide donc à faire une semaine complète de repos et j’aviserai le jour de la course.
Départ : même salle, mais deux ambiances
Rdv pour le départ à 6h 30 pour la salle des Ursulines. Une salle ou je n’ai pas mis les pieds depuis 20 ans lorsque j’y venais pour l’organisation du gala de l’ENSSAT (petite pensée pour Vincent et Nico en particulier). Même salle mais ambiance totalement différente ! A l’heure où on vidait la salle quand on gérait le gala, cette année c’était l’heure d’y entrer pour aller courir !

Et 92km qui plus est ! Si on m’avait dit il y a 20 ans, je ne l’aurais jamais cru !
Bref, ces quelques considérations mises à part et ces souvenirs remémorés, il est temps de prendre le départ de ce premier ultra de l’année.
1ère partie
Le départ est donné à 7h 02. Je décide de partir tranquillement pour tester le genou et laisse Rémi et Sylvain prendre les devants en me disant que je les rattraperai si tout va bien.
Les premiers kilomètres se font de nuit et sur des chemins plutôt roulants (parfois avec de belles marres de boue) ce qui me convient bien pour voir comment réagit le genou. Il se porte plutôt bien et je me décide ensuite à accélérer tranquillement à partir du 4ème kilomètre.

Le soleil commence à se lever et illumine le paysage. Je profite de cette belle luminosité pour continuer ma remontée. Je prends également le temps de discuter avec Noëlle pendant plusieurs minutes qui fait partie de l’association Ossé Sport Nature que j’ai fréquentée quelques années. C’est l’occasion de discuter, d’évoquer les objectifs personnels, et de parler des connaissances communes (qui sont notamment sur l’UTCA).
Au bout de 14km, la mer fait son apparition au niveau de Louannec. Il y a également un premier ravitaillement. Lorsque j’y arrive, j’aperçois les deux autres spartiates qui en repartent au même moment. 2 minutes d’arrêt le temps de grignoter un peu de salé et de remplir une flasque et je repars de l’avant.
Je rattrape Sylvain vers le 18ème kilomètre (Rémi est 300m devant) et reste quelques minutes avec lui avant de partir à la poursuite de Rémi. Je le rattrape à son tour au niveau du 21ème km.
La côte de Granit Rose est toujours aussi belle : Perros-Guirec mais surtout Ploumanach et son phare puis Trégastel ! Il fait encore beau et nous en prenons plein les yeux. Nous restons ensemble jusqu’au 30ème km. Notre progression est bonne mais je commence à sentir quelques alertes au niveau du genou à ce moment là.
2ème partie : ça fait mal
Nous arrivons au ravitaillement du 30ème km avec Rémi. Sylvain est quelques minutes derrière et Rémi l’attend tandis que je prends les devants.
Plus les kilomètres passent et plus mon genou me dérange. Au départ, une simple gêne apparait laissant fréquemment place à une douleur plus importante qui m’oblige à alterner de plus en plus de périodes de marche à partir du 35ème km.
Mon rythme moyen décroit et Rémi me rattrape vers le 47ème km. Nous partageons quelques minutes de course et il file devant. Je ne peux pas le suivre, la douleur m’empêchant de courir longtemps.
Le parcours fait une boucle en campagne et passe à Pleumeur Bodou à côté du Radôme, du village gaulois. J’y étais passé cet été et déjà au mois de juillet, l’un des chemins ressemblait à un véritable bain de boue. Je vous laisse imaginer la situation en février, après les tempêtes hivernales.
Nous retrouvons ensuite une nouvelle fois la côte mais le vent s’est sacrément levé. L’Ile Grande porte bien son nom et le tour est assez long. Près de 6km à arpenter et un nouveau ravitaillement au 60ème km. Régulièrement, on retourne dans les terres faire une ou deux bosses pour ajouter quelques dizaines de d+.
Plus de 40km/h de vent et des rafales à 70km/h ! Ca souffle dur notamment sur la grande plage de Trébeurden où le vent fait voler le sable et ralentit très fortement notre progression. Il vient du sud sud-ouest donc on le prend de plein fouet. Sur les portions en hauteur, cela pourrait même être dangereux.
Passage au niveau de Beg Leguer où se déroulaient de nombreuses soirées de l’IUT et de l’ENSSAT (je ne sais pas si c’est toujours le cas aujourd’hui).
L’organisation a annoncé 1164m de d+. Bizarrement m’a montre m’indique déjà plus de 1000m aux alentours du 70ème km (et pourtant Coros est souvent pessimiste). En plus, tout le monde dit que la fin est la plus compliquée. Est-ce qu’on nous aurait menti ? Je continue mon bonhomme de chemin alternant marche et course mais ces périodes rapides deviennent de plus en plus courtes et de plus en plus rares. J’arrive au ravitaillement du 78ème km au bout de 9h 44.
C’est dur mais je continue à avancer. Et j’avoue que j’ai pensé de nombreuses fois à l’abandon.
Final : l’idée de génie
Je repars du ravitaillement en 131ème position et la douleur est toujours autant présente. 2 kilomètres plus loin, j’ai l’idée de baisser mon manchon gauche à cause de la douleur et là, c’est le mi-mi, c’est le ra-ra, c’est le miracle !

La douleur diminue rapidement (sans disparaître complètement toutefois). Au début, je pense à une sorte d’effet psychologique mais cela tient. Je retrouve la joie de courir et j’arrive à enchainer les derniers km sans problème.
On le voit bien sur l’extrait de Strava, que ce soit sur la vitesse moyenne sur chaque km ou sur la vitesse à plat moyenne.
Je regagne même une quinzaine de places sur cette portion pourtant mal engagée. Je dépasse finalement Rémi à 6km de l’arrivée qui n’est plus dans la même forme qu’avant.

Même les marches de Brélévenez ne font pas peur. Elles sont avalées rapidement !
Je coupe la ligne d’arrivée dans la salle des Ursulines en 119ème position et au bout de 11h 36 d’effort et de souffrance mais avec le sourire. 91km et 1700d+ à la montre ! Cette course aura permis de repousser mes limites et de travailler le mental.
Rémi et Sylvain franchiront la ligne respectivement 11 minutes et 38 minutes plus tard.
La course est bouclée, nous sommes 3 finishers et même si cela n’a pas été une sinécure, nous sommes tous les trois fiers et heureux de l’avoir terminée. Une belle course que je conseille à tous. Elle existe aussi dans des formats plus courts : 30 et 60km. Mais comme dit le proverbe : plus c’est long, plus c’est bon !
Place à une bonne récupération maintenant à la Bretonne avant de partir vers d’autres contrées.
