La préparation

Enfin… enfin, une préparation qui se passe correctement ou presque. Pas assez de temps pour pour s’y préparer, mais pas de gros bobos ni de covid, et franchement cela change la donne.

Et heureusement parce que le programme de l’UTHG donne le tournis : 96km / 6800 d+ / 6 cols / 30°C…

Trois gros changements pour cette préparation :

  • Depuis le début de l’année, je me suis inscrit chez BestOfGym à Rennes. Je fais à minima une séance de 45′ en marche / footing sur tapis en variant les pourcentages de pente de 8 à 15% et cela a vraiment porté ses fruits.
  • Je cours moins vite au quotidien, mais je privilégie les escaliers et côtes en mode marche rapide
  • On dit qu’il faut faire du frais avant une course, alors je n’ai fait que deux petites sorties les 10 derniers jours plus une grosse à vélo de 80km… repos assuré !

L’arrivée à Samoëns

Avec notre hôte, Lionel, qui sera serre-file sur le 96km de l’UTHG, nous arrivons dans la nuit de jeudi à vendredi à Samoëns. Grasse matinée pour Seb et moi-même, le vendredi matin puis découverte des zones de départ et d’arrivée, récupération des dossards, achat de fromages locaux et promenade dans le Haut-Giffre… Le programme est dense mais vaut le coût !

A conditions exceptionnelles pour cette course, mesures exceptionnelles. Le ton est donné avec cette canicule (ou vague de chaleur selon les sources) précoce dans l’année. A Samoëns, la température dans la vallée est de 33°C. En haut, mystère !

Bref, on s’hydrate au maximum les jours précédents la course et jusqu’au départ. 3L par jour environ !

Autre point important et nouveauté pour moi : le départ le soir de nuit ! Course de nuit avec un départ à 4h : déjà fait, mais départ à 23h45 sans dormir avant…. euh… on va voir comment cela se passe.

Je profite de l’après-midi pour faire une micro-sieste de 30′ vers 18h et une autre de 15′ vers 22h. Et déjà, il est temps de partir pour le départ !

Tout le monde est prêt : t-shirt Wise Trail Running pour ma part, une superbe marque de vêtements de sport éco-responsables et made in France, qui était d’ailleurs exposante sur le salon !

Arrivée sur la zone de départ une quinzaine de minutes avant le lâcher des fauves, entrée et remontée dans le sas pour se positionner au milieu des coureurs. Le speaker annonce 600 coureurs, mais il n’y en avait a priori que 500 prêts à aller braver l’enfer !

Le début de course

23h45… top départ ! Et ça part plutôt vite. Un petit tour dans Samoëns en 5’30 » pour étirer le peloton et c’est parti pour la première ascension… celle de La Bourgeoise : 1255d+ pour se mettre en jambes. Tout se passe bien pour moi. Les muscles répondent super bien et je monte sans encombre. Il fait déjà chaud avec une température qui ne baisse pas sous les 20° pendant toute la nuit.

Malheureusement, on ne peut pas vraiment admirer le Lac de Joux Plane à cause de la nuit. Alors, on continue notre marche. Direction La Pointe d’Angolon qui ajoute 600 d+. La montée se passe toujours bien pour moi mais un peu moins pour Seb qui m’accompagne et qui n’est visiblement pas dans son meilleur jour.

Là-encore, c’est un peu dommage qu’il fasse nuit. On passe vraiment sur la crête et on sent le vide des deux côtés mais on ne peut rien voir. Quel dommage ! Arrivée à la pointe d’Angolon à 2090m d’altitude avec quelques minutes d’avance sur Seb.

La descente de la pointe d’Angolon est plus compliquée. Je ne suis pas fan des descentes et le bénévole nous dit en haut d’y aller prudemment au début et de bien rester à droite du balisage car à gauche c’est le vide ! Sur Strava, elle est donnée pour 400m de long mais -51% de pente ! Je me lance dans la descente sachant que Seb va me rattraper rapidement étant meilleur descendeur que moi (les 400 derniers mètres de l’ascension étaient eux donnés avec une pente de 40%). Ce sera mon kilomètre le plus lent de la journée !

Dans la descente d’Angolon, mon vieil ami le névrome de Morton se réveille et je prends un Doliprane pour faire passer la douleur qui devient vite difficilement supportable. J’en reprendrai toutes les 6/7 heures ensuite pour éviter une reprise. Seb me rattrape du coup un peu plus vite que prévu.

La descente vers le lac des Mines d’Or est légèrement compliquée au début à cause de l’orteil, le temps que le médicament fasse effet. Si on ajoute à cela ma frontale toute neuve qui lâche au bout de 4h de course (heureusement que j’en avais une autre en rab) et un pied qui dérape sur le bord de chemin, mais heureusement à un endroit sans risque… ce ne fut pas la meilleure portion de course, mais rapidement tout se remet en ordre de marche.

Le jour se lève

Ah que la montagne est belle et encore plus au lever du soleil ! Nous entamons la montée vers le col de Coux avec la luminosité qui augmente.

Et en haut du col Coux (à moitié en France, à moitié en Suisse), on comprend facilement pourquoi courir le matin est super agréable !

Après ce col, petite descente avant de s’attaquer au col de Bostan culminant à 2400m d’altitude, point haut de ce trail. La montée se passe en 2 parties, l’une à 13% sur 1,5km jusqu’au refuge de Golèse et la deuxième de 3,5km à 20%. Cette deuxième portion démoralise beaucoup de trailers notamment avec ses bosses cachées où l’on croit en avoir fini avant de découvrir une nouvelle bosse en arrivant à ce qu’on croyait être le sommet.

L’arrivée à la tête de Bostan nous permet d’avoir une belle vue sur une bonne partie des Alpes et notamment sur le Mont-blanc qui domine toute la chaîne.

La descente de Bostan jusqu’à la base de vie du Crêt est très sympa et permet de se dégourdir les jambes. On maintient un rythme correct avec Seb tout au long de la descente parfois technique parfois très roulante.

La deuxième partie de course

Je repars de la base de vie laissant Seb derrière moi (qui a préféré rester dormir un peu) et me demandant s’il va vraiment repartir. Mais pas le temps de trop réfléchir, on s’attaque direct au gros morceau de la journée. 

Près de 10km à 15% de moyenne… le début se fait bien et on monte en sous-bois ce qui est plutôt plaisant mais rapidement ça devient la folly ! Au passage du gîte éponyme, à environ 40% de la côte, la pente augmente et il ne reste plus aucun arbre… tout le monde a chaud et pas mal de petits groupes de coureurs se forment pour se motiver mutuellement. Beaucoup font des pauses. A partir de 80% de la côte, nous rencontrons des névés et c’est remplissage des caquettes et buffs avec cette innovation fraîcheur improvisée. 

La fin de la côte est aussi complexe, les chemins laissant place à de la pierre qui accentue la chaleur tout comme la réverbération du soleil avec les névés ! 

Enfin ! Nous atteignons le but… et le panorama est encore sublime ! 

Pas le temps de se reposer sinon on y sera encore demain. Maintenant il n’y a plus qu’à descendre. Euh ? Ça va pas aller très vite non plus, entre les grosses pierres et des trous de 2/3 mètres dans la roche plus la traversée de névés ! Heureusement, le mode toboggan est pas mal à plusieurs endroits meme si j’ai découvert le proverbe suivant : le toboggan tu descendras, tes bretzels dans les poches du short tu mouilleras ! Et les bretzels mous, c’est moins bon !

Au fur et à mesure que la descente avance, le rythme augmente… on va pas s’enflammer non plus !

Une pause au refuge de La Vogealle et c’est reparti ! La suite de la descente est magnifique : on surplombe le cirque de fer à cheval pendant quelques kilomètres et on en profite pour admirer les splendides cascades. Puis on traverse une partie du cirque avec la seule portion de plat de toute la course, quelques kilomètres que je savoure ! 

Arrivé au Pelly, il est déjà temps d’entamer l’avant dernière côte de la journée. La montée vers Les Praz de Commune : ~700d+ pour 4km… pour ma part, je souffre beaucoup dedans. Alors je fais plus de pause, je bois (sûrement mes 13 et 14eme litres de la journée) et je monte tranquillement : ~2,8km/h. C’est pas rapide mais ça passe ! 

Côte exigeante notamment à cause de l’accumulation de fatigue et de la chaleur à ce moment (17h-18h) et l’arrivée en haut ne me contredira pas avec 3 traileurs sous couverture de survie et l’arrivée d’un hélicoptère de secours. J’apprends aussi à ce moment que Seb a abandonné après être reparti de la base de vie a cause de vomissements. Ça me fait un coup au moral mais je me dis que je dois passer la ligne pour lui et moi. 

La descente s’effectue bien, toujours régulièrement entrecoupée d’arrêts pour tremper le buff et la casquette à chaque torrent ou lavoir !

La fin

Le ravito de Sixt Fer à Cheval est vite expédié et voici enfin la dernière côte de la journée. Je la monte plus vite que la précédente mais elle me semble interminable et ne présente pas vraiment d’intérêt : entre le chemin de randonnée super large, la portion piste de ski et le bruit assourdissant des chutes d’eau. 

La portion forestière en haut est bien plus sympathique et l’orée du bois offre une magnifique vue sur le lac de Gers. 

Encore une fois, le ravito est digne d’un arrêt au stand en formule 1 ! Je crois que j’étais quand même pressé d’en découdre.

La descente finale me donne des ailes (petites mais elles sont quand même là).  Une descente de 8km à 7km/h, ok c’est pas la performance de l’année mais ça au bout de 90km, je m’en satisfait pleinement, surtout avec 3 à 4 km plus techniques. Je fais également une pause pour reprendre ma frontale. A 10’ près, cela aurait pu se faire sans la ressortir.

Et voilà le Giffre qui se fait entendre et la base de loisirs de Samoens (synonyme d’arrivée) qui se dévoile ! Et comme souvent dans les courses à pied, une fin rallongée pour rien par l’organisation avec un tour complet de la base de loisirs… mais quelle idée… 

J’entends Seb qui crie et qui m’encourage pour la fin. Lionel est aussi là pour me féliciter dans les derniers mètres.

L’arche d’arrivée se dessine, illuminée dans le noir… le moment est magique et je savoure ce passage de ligne sans vraiment réaliser.

22h18’ pour parcourir cet ultratrail ! Quand j’y repense c’est un truc de fou ! 

Quelques chiffres qui ne servent à rien !

  • 17/18 litres bus
  • 0 saucisson de ma réserve personnelle car il y en avait souvent sur les ravitos
  • 0 chute même si ça a failli arriver plusieurs fois
  • 4 ampoules (2 à chaque pied en mode symétrique, pas de jaloux)
  • 130 000 pas sur ma journée de samedi (l’OMS en recommande 10000/jour) 
  • 70 photos prises (l’OMS n’en recommande aucune, ok la blague est nulle)
  • 116ème sur 271 finishers (et 231 abandons) et un gain de places continu tout au long de la course.

Conclusion

Vraiment un super week-end et un super trail en preparation de la diagonale des fous en octobre. 

Je sais maintenant ce que je vaux sur une course d’une vingtaine d’heures, sous une chaleur accablante et avec un départ de nuit le soir. 

Beaucoup de participants disaient pendant et après la course, que ce trail est vraiment costaud. Même si il est à priori moins technique que beaucoup de passages à la Réunion, il a un ratio d+/km plus important (70 contre 56).

Bref, tous les voyants sont au vert et la prepa actuelle est validée… il faut juste poursuivre les efforts et augmenter un peu les volumes pour arriver à bout des 160km de la diag’.

Et pour finir, voici le parcours 3D de l’ultra trail.