Deuxième opus de la série by UTMB avec Nice Côte d’Azur. Une course pas vraiment prévue au programme, mais sur laquelle Jérémy et Sylvain s’étaient inscrits au début de l’été et je me décide à m’y inscrire à mon tour fin août.

Si seulement, j’avais regardé en détail le parcours avant… Je pensais naïvement que la Méditerranée, ca devait pas être trop violent ! Une fois les renseignements pris, c’est pas gagné d’avance : 2 passages à plus de 2600m d’altitude, beaucoup de caillasse, très technique…

Préparation Nice

Après l’échec sur l’Ultra-marin, je n’ai pas le plein de confiance. La prépa est assez étrange avec un voyage en Afrique du Sud en août mais pendant lequel j’arrive tout de même à faire environ 100km et 4000d+. J’ai pu intensifier l’entrainement au retour des vacances du 25 août en allant chercher près de 250km pour 10000d+ avant de couper le 20 septembre.

On opte pour le trajet en voiture pour rejoindre Nice. C’est un peu serré à 5, mais ça le fait. C’était la solution la plus économique, la plus pratique. Nous arrivons sur Auron, lieu de départ de la course le jeudi soir après 12h de route. Bonne nuit sans trainer après un repas léger au resto avec des pâtes au menu.

Lever le vendredi matin vers 8h avec un grand soleil qui innonde la ville. Petit-déjeuner, récupération des dossards et préparation des sacs… Rien (ou presque) n’est laissé au hasard. Il est déjà 11h 30, c’est l’heure de regagner le sas de départ (à littéralement 15 secondes de marche de l’hôtel).

Le départ de Nice Côte d’Azur

Protocole de départ enclenché, départ retardé de 10 minutes à cause d’un nid d’abeilles annoncé sur le parcours… C’est pas bien grave, on peut encore rester cuire quelques minutes sous le soleil !

12h 10, le départ est donné ! On attaque directement par une petite côte de 200/300d+ avec du chemin large et une pente douce. Idéal pour s’échauffer ou pour perdre sa frontale ! Et oui, soit mon sac était mal fermé, soit les fermetures ont glissé, mais ma frontale est tombée au bout de 3/4 km. Heureusement, je m’en rends compte, la ramasse et ferme bien le sac cette fois-ci. On ne m’y prendra plus. Un grand merci au coureur qui était 2 mètres dernière mois et qui ne m’a rien dit ! Heureusement que je l’ai entendue tomber.

On part avec Sylvain et on met quelques mètres à Jérémy !!! Ça vaut bien une galerie photos… mais i il est dur à shooter.

La première côte se passe tranquillement et laisse place à la descente. Je suis Sylvain dans le single et Jérémy est quelques centaines de mètres devant (il n’aura pas trainé derrière nous). Les paysages sont déjà sublimes et le soleil brille au zénith.

Nous nous retrouvons tous les 3 en bas avant d’attaquer la montée du chemin de l’énergie. Quel nom !!

Les premières ascensions

Le chemin de l’énergie, c’est juste 8km pou 1400m de dénivelé positif ! Ah oui, il en faut de l’énergie. D’abord en sous-bois, le chemin devient très vite minéral et on monte à flan de montagne et avec quelques passages dans la grotte taillée dans la montagne. Les paysages sont magnifiques, on cuit sous le plein soleil mais on monte… D’abord avec Jérémy, puis tout seul. On monte beaucoup ! 2000, 2500, la montre indiquera même 2700m d’altitude. C’est la première fois que je ressens cela mais passé les 2200m, j’avais un peu de difficulté à trouver mon souffle.

Le chemin serpente le long de la roche et c’est vraiment magnifique ! Déjà les écarts commencent à bien se creuser. En bas de la côte, tout le monde était groupé. Là, je ne vois plus Jérémy devant ni Sylvain derrière.

Le paysage devient de plus en plus minéral au fur et à mesure de la montée et les cailloux de plus en plus gros !

On a le droit à un super ravitaillement au Pas de Colle Longue qui se trouve à la frontière Italienne. Pas de pizza, ni de gelati, mais de la charcuterie, des meules de fromages, des gâteaux… Merci !

Le sol est devenu très minéral et le paysage désertique. On enchaine sur un passage « plat » sur les crêtes pendant une quinzaine de kilomètres. Pas vraiment plat, car on doit faire un -500m / +500m en dénivelé, mais vu ce qu’on a eu avant et ce qui nous attend, c’est plat !

Quel plaisir de voir également un groupe de chamois traverser à flanc de montagne ! Bon, je l’accorde, les photos ne sont pas très nettes…

J’arrive à me prendre une chute, une petite gamelle sur les crêtes, tout ça pour un manque d’attention en prenant un ravitaillement dans mon sac. Mon pied cogne un caillou et je m’étale de tout mon long sans aucun bobo !

La grosse descente

31km et des poussières (ou des cailloux), j’arrive au moment que je redoute le plus de la course. Environ 1800m de dénivelé négatif en même pas 6km… ça fait une pente moyenne à près de 30% et des passages à -40% sans chemin, droit dans la pente.

Je ne suis pas le seul à galérer et tout le monde se soutient, rigole (jaune) et avance comme il peut. Tout est bon pour passer le temps. Les premières descentes se font pas trop mal et le d- file à une vitesse impressionnante.

Lorsque la pente à travers champs se termine, on retrouve des sentiers avec une pente plus faible (-20% à vue de nez), mais là c’est le drame !

500m… 2 chutes !

Je discute avec un coureur qui a fait la diagonale en même temps que moi et qui était également à Saint-Jacques. On descend tranquillement et je tombe une première fois ! Faute d’inattention en discutant, et je tape une nouvelle fois un caillou et part complètement en avant… Le genou gauche prend un coup, l’arcade sourcilière également et je m’étale 3 ou 4 mètres après le fameux caillou en m’arrêtant à moins d’un mètre d’un beau trou (3 mètres environ). Bref, une chute qui fait un peu mal, mais qui fait plus de dégâts d’un point de vue mental car j’ai vraiment eu peur au moment de la chute.

Je repars d’un bon pas et à peine 5 minutes plus tard, je pose mon pied gauche trop proche du bord du chemin qui s’affaisse et je m’étale dans des ronces… Les deux cuisses (surtout la gauche) prennent mais là encore, c’est vraiment le mental qui est touché ! Même pas 40km et 3 chutes… comment dire… la course va être (très) longue !

Il est 19h 20 et je suis à Isola. Je me suis mis une pression inutile pour arriver à Isola avant la tombée de la nuit et malgré mes chutes dans la descente et la baisse de rythme, j’arrive environ 15′ avant le crépuscule.

La 1ère nuit

Je retrouve Sylvain au ravitaillement qui m’a redoublé dans la fin de la descente. On fait un bon stop au ravitaillement pour se ressourcer et je me fais soigner par Aurélie et Aline (les femmes de Sylvain et Jérémy). Changement de t-shirt (pour mettre celui de L’Odyssée de Titouan) et sortie de la frontale pour repartir avec la nuit. On repart ensemble avec Sylvain mais je le laisse partir à la faveur d’une pause téléphone avec ma femme et les enfants. Je ne le reverrai pas de la course !

La portion qui arrive s’annonce encore costaud : 12km / 800d+ / 1000d- dont 1,5km à près de 40%… On dit que la nuit porte conseil et très vite je prends la décision de ne pas courir de la nuit, sauf si j’arrive sur une autoroute… sans aucun risque de chute.

La partie en montée se fait plutôt bien mais je galère comme prévu dans la descente qui s’avère un long chemin de croix.

Autant, j’avais gagné 95 places dans la grosse ascension du chemin de l’énergie, autant j’en ai perdu 7 dans celle d’Isola et 14 dans cette portion (et toutes dans la phase descendante).

50km, 10h 22 de course… je continue mon bonhomme de chemin !

Lorsque j’arrive au ravitaillement de Pont de Paule, Sylvain vient de repartir. Je me ressource et prends quelques minutes avant de repartir. Je pense que je ne suis pas vraiment dedans et Aline me pose la question suivante « Est-ce que tu prends du plaisir dans ta course ? ». Difficile de répondre par l’affirmative… entre les chutes et les traces qu’elles ont laissées, je ne cours pas et je subis plus la course que je ne la savoure. Mais hors de question d’abandonner et je me dis que ça ira mieux après.

1ère base de vie

Je continue ma course et enchaine les kilomètres sur un rythme modéré. Dans les côtes, je double régulièrement du monde et me fait dépasser dans les descentes, mais globalement, je gagne des places sur toute la fin du parcours.

Au bout de 13h de course, l’arrivée à la base de vie de Saint-Sauveur permet de se reposer pendant plus longtemps, de se changer et cela fait du bien ! Encore un ravitaillement avec une assistance de choc, où je suis servi comme un pacha… franchement, c’est vraiment top !

On est au kilomètre 63 et on a fait plus de la moitié du d+ (4400 sur les 8400m annoncés). La nuit est super claire avec la pleine lune. C’est toujours plus sympa comme ça !

Le lever du jour

Il reste encore deux grosses bosses avant la fin de la course et c’est déjà l’heure de la première : 1500d+ sur 16km avec 400d- au milieu.

L’ascension se fait plutôt bien même si je manque un peu de jus. Je monte avec l’objectif d’arriver au sommet pour le lever de soleil, je rattrape toujours du monde et fait un stop éclair au ravitaillement du Lycée de la montagne (qui marque le tiers de l’ascension). J’ai gagné 19 places sur cette portion ! Je repars et m’attaque au col de la Madeleine. La première portion se fait bien et il y a un point de contrôle qui n’était pas mentionné aux deux tiers de l’ascension. Un peu déconnecté de la réalité, je crois que c’est la fin de la montée… mais la douche froide arrive rapidement. Je me retourne et vois qu’il reste encore 300 ou 400m à monter avec de très gros pourcentages.

Comme prévu, le jour commence à se lever ! C’est une belle récompense et je finis la dernière partie avec la luminosité qui augmente et le lever de soleil juste quand j’atteins le sommet. Malheureusement, il est de l’autre côté de la crête et je dois encore attendre un peu pour l’admirer pleinement.

Le passage sur les crêtes et la descente vers le ravitaillement suivant se font bien à un détail près. Je n’arrive pas à courir. La raison : un blocage psychologique plus qu’autre chose ! Dès que je commence à courir, mon effort s’arrête systématiquement au moindre caillou, à la moindre racine, au moindre précipice sur le côté… Bref, je ne cours jamais beaucoup plus de 10m avec un terrain aussi minéral. Je me fais une raison et continue en mode marche rapide.

Jim, attends moi !

La descente vers Utelle aura été compliquée pour moi. Trop de cailloux, beaucoup de stress, donc j’ai vraiment avancé tranquillement. J’étais un peu comme dans une Twingo et je me suis fait doublé par une formule 1 quand Jim Wamsley est passé ! C’est impressionnant de le voir descendre. Je l’ai encouragé lors de son passage et sympa comme il est, il m’a retourné un petit « Allez » d’encouragement qui m’a bien reboosté. Merci.

Pendant les 10 prochains kilomètres, je me fais doubler par les élites du 100K que je félicite tous sans exception mais tous ne répondent pas.

La portion jusqu’à Levens (la deuxième base) de vie se fait bien et j’ai un gros boost d’énergie dans les derniers kilomètres avant la base de vie en m’accrochant plusieurs fois à des coureurs du 100K dans la côte.

On ne va pas se mentir, l’arrivée à Levens fait du bien. Je prends du temps pour me restaurer, me changer et repars après 30 minutes d’arrêt pensant être en pleine forme !

Il est 14h, j’ai fait 116km en 26h et plus de 6400m de dénivelé !

Le KV qui fait mal

Je repars de Levens tout sourire, frais et je m’attaque à ce qui doit être la dernière grosse difficulté : 1000m de dénivelé en 8,5km.

Je ne l’avais pas vu aussi dure et je souffre rapidement dans la côte. Il faut se rendre à l’évidence. Quand je m’arrête toutes les 3 minutes pour souffler, puis boire, manger, faire une photo, faire une pause technique… c’est un message du cerveau qui veut dire STOP. Il faut dire qu’il est à peut près 15h, qu’il doit faire 27 ou 28°C et que le soleil tape fort !

Je me décide donc à faire un break sur l’herbe dans une portion boisée. Comme d’habitude, je mets 2 réveils à 20′ mais j’ai un peu plus de mal à dormir que sur la diagonale par exemple. Je suis très (trop) proche du chemin et bizarrement, il y a pleins de randonneurs qui passent avec leurs bâtons… Bref, la coupure fait quand même beaucoup de bien et je repars plus reposé pour effectuer les 400 d+ restants avant le ravitaillement de La Chapelle Saint-Michel (124ème km).

Sur ce créneau où je pensais perdre du temps et des places, j’en gagne finalement 4 ! Je ne suis a priori pas le seul à m’être reposé. Je prends un peu de temps au ravitaillement et repars après quelques minutes en direction de Nice. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’on aperçoit la Méditerranée pour la première (et dernière) fois. Je pense qu’on devait la voir sur les bosses suivantes, mais quand j’y suis passé il faisait nuit.

Suite et fin du périple

Les 40 derniers kilomètres que je pensais faciles ne le sont pas vraiment. Plutôt en forme, mais toujours ce blocage psychologique, donc je continue en mode marche rapide sauf sur les portions routes qui deviennent plus fréquentes au fur et à mesure qu’on approche de Nice.

Mais on profite de couleurs magnifiques au coucher du soleil ! Rien que ça, ça fait oublier les 30h de course que j’ai dans les jambes.

Les bosses sont quand même assez difficiles notamment le chemin du fort avec ces 500 d+ (après le ravitaillement de Drap) qui est assez raide et qui parait interminable.

Les descentes suivantes vers l’arrivée sont toujours dans le plus pur style minéral ! Et je continue à être extrêmement vigilant en descente. On a régulièrement l’impression de s’écarter de la trajectoire, car on fait des tours et des détours dans Nice pour passer dans tous les espaces trails de la ville.

Les 4/5 derniers kilomètres sont majoritairement du bitume et je reprends un rythme de course un peu plus « rapide » pendant des portions plus longues.

Arrivée et bilan de la course

Je boucle enfin la course en 38h53′ ! Ca y est, 2ème 100M de ma grande carrière de coureur ! Quelle satisfaction après un début de course plutôt mouvementé. Je termine à la 124ème place sur 404 au départ (pour 151 abandons).

Super content du temps réalisé car je visais environ 40h, moins de la forme. Il y avait une belle marge de progression, car sans ces 3 chutes du début, j’aurai pu aller plus vite.

Profil Strava

Je pense tout de même que le parcours était parfois un peu trop technique pour moi. Ce ne sont pas les pourcentages de pente qui m’ont gêné mais plutôt le sol très caillouteux associé.

Félicitations à Sylvain et Jérémy, les deux compères de course et de voyage, qui terminent respectivement en 35h44 et 32h42.

Et sans oublier un grand merci à Aurélie et Aline pour l’assistance sur les premiers ravitaillements. Un gros plus quand on a juste à se (re)poser et que tout arrive à point.

Maintenant, place au repos et une préparation pour des courses un peu plus courte ! Genre un 10km ? Ca va paraitre court non ?